Les Chroniques de Valentin

Entre Verlaine et Rimbaud

C’est entre l’orme et le frêne
Que je t’accueille mon ami
Autour de nous les samares
S’envolent et se replient

Nous nous aimions à cette époque
Et je t’écoutais, assis au bord des routes
Pendu à tes lèvres équivoques
Tentant de faire taire les doutes

C’est ça : aime-moi, protège et donne confiance !
Tu sais je n’y peux rien de leurs manigances
On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Ils ne cessent de le dire pour rester bienséants

Mais ô toi mon aimé, mon amant
Je me sens comme entre Verlaine et Rimbaud
J’occupe mes nuits en te désirant
Tu serais Verlaine et je ferais Rimbaud

Qu’est-ce pour nous, mon coeur, que les nappes de sang
Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris
De rage, sanglots de tout enfer renversant
Tout ordre ; et le passé encore sur les débris

Et leur vengeance, et leur haine douceâtre
Contre notre amour, leur folie ne peut rien
Que tu cours après les bellâtres
Cela ne m’inquiète point

Et aussi leurs masques se fissurent
Et devant la mer rien ne perdure

Alors c’est ça !
Aime-moi, protège et donne confiance !
Étant très faible, j’ai très besoin de tes bras
Et quand je reviendrais de cette malchance

Promets-moi, ô mon amant, mon doux
Que tu sera là pour m’attendre
Que tes accolades ne seront si froides

Que tes baisers seront aussi beaux
Que mes poèmes de Rimbaud

Que tes chansons et rengaines
Seront comme tes maux de Verlaine

Le seul vrai mot c’est : reviens
Je veux être avec toi, je t’aime
Je t’embrasse
Et nous nous reverrons…

(d’après divers textes et courriers de Verlaine et Rimbaud)