Les Chroniques de Valentin

Ne sommes-nous que désir ?

Au firmament de nos volontés nous nous sommes déclarés. Innocents. Imprudents. Inutiles.

J’ouvrais la fenêtre sur l’immensité de notre néant. Et le vent impossible nous était indifférent.

Sans passion je n’ai pas l’inspiration. Je suis plat et insignifiant. Je suis commun. Sans intérêt.

Imagine le spectrogramme qui court et s’emballe parfois. Et bien je suis l’aiguille sur le zéro, qui malgré les séismes tout autour, ne parvient pas à se mouvoir. Je ne trace qu’une ligne fade, infiniment et tristement droite, sans le moindre dérapage ou la plus petite agitation. Rien.

Et pourtant, le simple regard d’une Elza m’a fait combattre des armées de fantômes. L’unique pensée pour une Lucille construisait de vastes plaines de strophes enlacées. Le souffle léger d’une Valérie me fit découvrir de larges étendues de rizières de rimes. L’image du sourire d’une Lysiane aurait pu mener à l’ascension de maints sommets de lyrisme. Et pourtant, ces simples prénoms étaient une source infinie de mots et de phrases dans mon esprit.

Mais la source infinie était en réalité d’une quantité finie et s’est rapidement tarie sous les assauts de la solitude.

Et alors ? Est-ce que j’ai besoin de passion pour écrire ? Est-ce que le grain de folie de ma vie vient d’elles ?

Ne sommes-nous que désir ?