Le désarroi de la distance
Les corsaires débarquaient avec fureur et fracas. Ça criait et ça hurlait. Tout s’est déroulé très vite. Notre petit refuge s’est retrouvé pris dans la tempête. Coincés à fond de cale, nous avions comme compagnon le bruit sourd de la cargaison qui crissait lentement sur le bois de la coque avec les mouvements de l’océan. Au dehors, l’orage déployait d’inépuisables efforts pour nous faire chavirer. Notre avenir nous semblait, au mieux, incertain. Tu étais restée sur le pont et à chaque vague je tressaillait, t’imaginant emportée au loin. C’est alors qu’un cri exauça mes angoisses. En quelques secondes tu fut emportée par une trombe d’eau, et tu disparu dans les ombres de l’eau décharnée par la tempête.
Te reverrais-je un jour, mon amante, ma douce amie, ma proche amie ? L’océan nous sera-t-il cléments ?
J’espère pouvoir à nouveau t’enserrer dans mes bras, alors qu’autour de notre embarcation la nuit se dresse à présent, nous laissant impuissants face à la beauté d’un océan sauvage qui refuse d’être dompté. Nous avons savouré l’ivresse de nos vies entremêlées pendant quelques courts moments. Était-ce un simple songe, une parenthèse insignifiante ?
Depuis, j’attends tous les soirs, tourné face à l’horizon, écoutant le sel s’enrouler et se dérouler sur le sable et les rochers, en espérant qu’un de ces tourbillons tu surgisse devant moi…