Les Chroniques de Valentin

Les paysages qui se défilent

Dans le train, je regarde le paysage défiler. La Bourgogne reste un de mes environnements préférés. Quand on arrive de l’Île de france, qui nous abreuve ses grandes plaines remplies de champs qu’on pourrait tout aussi qualifier de larges et mornes déserts, et qu’on arrive dans des décors où se succèdent vallées, collines, combes et forêts, on ne peut que remarquer ce criant contraste entre le platonique et les gracieuses courbes des vallons.

Je me demande si mon amour pour les courbes et autres lignes arrondies des filles vient de cet environnement où j’ai grandi. Une question qui restera probablement sans réponse, mais j’aime à comparer les graciles volutes de mes amantes aux méandres malléables des coteaux colorés de vert.

En regardant un peu autour de moi dans le wagon je remarque que mon voisin de l’autre côté regarde mes pieds nus. Est-ce que c’est impudique de révéler ses pieds nus dans un lieu public ou alors pense-t-il que je pue des pieds ?

Je regarde la vitre du porte bagage afin d’observer les autres personnes que je ne peux voir par l’obstacle des dossier des sièges. Je remarque la fille juste derrière le siège qui me fait face : brune assez jolie, alliance en or, bracelet en argent avec de petits coeurs qui ressemblent à des feuilles d’automne, elle porte un haut noir et est plongée dans sa lecture de Cosmopolitain. Elle doit se croire à l’abris des regards car après avoir réajusté son soutien-gorge en laissant apparaître un demi-sein, elle se met à se curer le nez.

Finalement, j’ai souri. Malgré les paysages qui commencent à se défiler au profit d’un ciel rempli d’épais nuages gris qui baignent dans une nuit bleu marine, au fond, la vie n’est pas si désagréable qu’elle pouvait le paraître ne serait-ce que deux heures auparavant.