Les Chroniques de Valentin

Fumer tue

PARIS (Reuters) - « Un scandale silencieusement étouffé. » Bernard Durand, président de l’association des droits des fumeurs, ne décolère pas. La révélation en décembre dernier de la contamination de centaines de milliers de paquets de cigarettes par un poison violent n’avait pas fait grand bruit dans les médias. Pourtant les conséquences sont importantes, plus de deux mille fumeurs sont déjà décédés après avoir malencontreusement absorbé le poison. Le poison, qui n’est toujours pas identifié, aurait été introduit par un groupe terroriste selon les conclusions de l’enquête, cependant aucun mouvement n’a encore revendiqué l’action.

Philip Morris, premier fabricant à avoir été inquiété par la découverte, ne compte toujours pas retirer de la circulation les séries de paquets pouvant contenir du poison. Richard Laporte, porte parole du groupe indique : « nous savons parfaitement quelles séries sont touchées, mais nous ne les communiquerons pas et nous ne les retireront pas non plus du marché, le risque de créer une paranoïa est trop important pour nous ».

Bernard Durand, lui, trouve ce comportement « irresponsable et dangereux ». Pour lui, tout ce qui importe « c’est le profit qu’ils dégagent, ils ont trop peur que les ventes baissent ». Pourtant du côté de Philip Morris on indique surtout les risques de retombées judiciaires. « On risquerait de se faire attaquer pour publicité mensongère. » L’Elysée avait déjà confirmé cette interprétation de la situation en janvier par un communiqué indiquant simplement que si un produit indique que sa consommation peut avoir de « graves conséquences pouvant mener au décès », il peut sembler assez normal qu’effectivement il provoque de graves conséquences. L’Elysée faisait ainsi référence au message « Fumer tue » apposé sur les paquets de cigarette depuis quelques années.

Chez Philip Morris, cette interprétation semble tout à fait logique : « si vous achetez de la mort au rat, et que vous en consommez, je pense que vous vous attendez pas à en ressortir en bon état. Et bien avec la cigarette c’est pareil. Quelque part on promet à nos clients un effet, un résultat, il n’y a pas de raison pour qu’on retire du marché un produit qui réponds à leurs attentes ». Et les procureur ont des instructions claires à ce sujet, ils doivent refuser toute plainte ou recours en justice contre cet « effet secondaire », afin de ne pas engorger les tribunaux de « requêtes fantaisistes ».

Bernard Durand conclue en signalant que la meilleure solution pour le moment est de ne plus fumer pour éviter de s’exposer à ce risque, tout en rétorquant que ce poison est « probablement une création du gouvernement pour nous empêcher d’exercer notre liberté d’expression en fumant », même si cette histoire ne semble pas empêcher les français de continuer d’acheter plus de 400 millions de paquets de cigarettes chaque mois. Mais il est vrai que les dix mille décès prévus cette année de par ce poison ne viendront que grossir les soixante dix mille et quelques décès enregistrés chaque année de par la consommation du tabac.