Les Chroniques de Valentin

Les fées papillons

Un bruit stridant se fait entendre. Des patins crissent sur le plancher ébréché de la chambre. La pluie bat son plein sur la lucarne qui transparaît dans le toit. Crépitement ininterrompu de milliers de petites fées de verre qui tombent et disparaissent au contact de la vitre. Assis sur un lit, il attends qu’elle s’approche de lui. Il la regarde attentivement entrer dans la petite pièce exigue. Elle pose son manteau sur la chaise en paille. Se tourne vers lui en évitant son regard. Elle regarde brièvement la lucarne. Le bruit de la pluie de fées se calme un peu. Le silence s’installe.

Elle prends bien le temps. Elle attends que le calme s’impose. Puis, sereinement, méticuleusement, elle broie son coeur en une charpie de sentiments entremelés. Elle prends le temps de peser chaque mot qui reste alors en suspends dans les airs quelques instants de trop. Chaque mot de plus l’assèche. Sa poitrine se fait peau de chagrin. Le chagrin qui coule en lui. Qui noie ses poumons. Son ventre se durcit. L’étreinte de la solitude l’entoure et l’étouffe en quelques instants.

Il se sent transpercé de petites échardes, comme celles que la charpente de sa chambre lui donne parfois.

Elle se lève, reprends son manteau. Et s’empresse de sortir.

Le silence est étouffant. Comme une noyade.

Les fées pleurent sur la lucarne de sa chambre. Il avale sa salive et avale en même temps une douleur qu’il ne sait pas exprimer. Ce soir, il ne pleurera pas. Il essaiera d’oublier. Et un jour ça ressortira avec le reste. Tout le reste. Toutes les fois ou il a avalé sa peine.