Les Chroniques de Valentin

Sa main, bien en évidence

Tu vois quand l’herbe est comme ça. Rousse. Un peu blonde. Fin d’été un peu trop chaud. On sent l’automne arriver. Les couleurs changent, comme une aquarelle qui vieillit. Il fait toujours assez doux. Suffisamment pour que tu t’allonges avec plaisir dans un pré. En attendant que la nuit s’installe. Pour voir et toucher un peu les papillons qui se réveillent lentement dans l’obscurité.

Sa main, bien en évidence, posée sur ton ventre. Elle décrit de petits cercles de la paume en effleurant tes hanches. Tu frissones un peu. Tu ne sais pas trop si c’est la fraîcheur du soir ou si… Tu ne sais pas.

Elle ne parle pas, mais tu l’écoute attentivement. Son souffle chaud dans ta nuque te raconte des histoires. Histoires dont tu ne décelera le sens que bien plus tard.

Tu observes les doigts qui se promènent sur tes hanches. Tu pourrais penser que rien n’est plus précieux que ce moment partagé. Mais tu as tort.

Rien n’est plus précieux que le givre de l’hiver qui s’installe et murmure. Il est fragile et craintif. Il disparaît furtivement. Ne laisse que peu de traces de son passage. Peut-être ne reviendra-t-il jamais.

Sa main, bien en évidence, te retiens sous son poids. Tu oublieras bien vite. Ta vie, ses tracas. Et tous les autres. Mais tu n’oublieras jamais la fragilité du givre de décembre.