Etat d'urgence
Etat d’urgence ! Un petit girophare rouge s’est allumé dans la tête de Valentin tout à l’heure. Léa lui en avait parlé ce matin de cette lettre. Elle n’avait pas voulu détailler de quoi elle parlait. Elle n’avait pas voulu lui donner tout de suite. Elle lui a donné la lettre tout à l’heure. Il l’a lue dans le bus. Tout de suite il a pensé «Merde. Je suis trop con». Ca c’est sûr Valentin est trop con.
Trop con car il n’a pas réussi à prévoir ce que contenait cette lettre. Trop con parce qu’il n’a pas su être à l'écoute de Léa. Trop con d'être allé trop vite. Trop con, tout simplement.
La lettre de Léa commence un peu comme ça : «Trop vite. Trop vite. Trop vite. On est allé trop vite. Beaucoup trop vite. Maintenant j’en arrive à craindre de me retrouver toute seule avec toi dans ta chambre». Carrément. Sans prévenir. Sans rien dire. C’est écrit. Le jugement est sans appel. Valentin n’existe plus. En lisant cette phrase il devient tout d’un coup un fantôme. Il a l’impression de passer à travers les gens. De discuter avec eux mais de ne pas exister. Il a l’impression que tous les sentiments qu’il éprouve depuis qu’il a rencontré Léa ce ne sont pas les siens, mais une invention de son inconscient pour s’assurer d'être bien vivant, d’exister.
Merde. Valentin est vraiment trop con. Quel con mais quel con ! Il n’a pas su anticiper, prévoir, croire, penser à ça. Léa n’est plus à lui, il l’a depuis trop longtemps abandonnée sur le bord de la route de sa connerie. Valentin et Léa vont se séparer, Valentin le sait. Demain.
Non, ça serait trop con. Ils ne vont pas se séparer pour ça, ce serait trop con. Mais Valentin aussi est trop con. Alors… Que faire ? Comment régler ça sans faire de bavures ? Valentin ne sait pas.