Les Chroniques de Valentin

Toute l'horreur du monde dans un simple regard

Recroquevillé dans un coin de la pièce, roulé en boule comme un escargot apeuré, je m’ennuie à en mourir. Je me fait si petit, si insignifiant, dans le seul espoir de disparaître, de devenir une poussière, qu’un simple et léger courant d’air pourrait balayer à jamais. Je pense à l’inutilité de ce monde, de ces actions quotidiennes qui n’ont ni sens, ni plaisir. À cet ennui permanent que nous essayons en vain de combler de distractions futiles. Par une culture qui aurait dû nous faire croire que nous étions intelligents. Par un travail qui aurait dû donner un rythme, un sentiment d’appartenance. En réalité il n’en est rien.

Je ne crois pas que la situation des autres soit meilleure. Que leur vie soit plus intéressante. Je pense qu’on s’ennuie tous de la même manière, mais qu’on n’a rarement l’occasion de s’en rendre compte. Rarement le temps d’y réfléchir et de le constater pleinement. C’est parfois ce qui est le plus évident qui nous échappe le plus. Aveuglés par des artifices, par des routines, par l’impression de servir à quelque chose.

Prostré dans un coin, je surveille le téléphone, en attendant qu’on me sorte de mon ennui par un mot, une phrase, une pensée, me prouvant que je ne suis pas seul. Mais jamais rien ne vient.