Les Chroniques de Valentin

I'm in love with you (5)

Dans le bus qui devait nous emmener visiter un château bord du Loch Ness, Léa, Lucie, Valentin et Aurélien dormaient. J'étais à côté de Maud qui commençait à pencher vers le sommeil, j’avais mon baladeur MP3 sur les oreilles, écoutant une compilation de musiques téléchargées sur eMule avant de partir. Là c'était Luke. Le morceau s’appelait Je n'éclaire que moi et les paroles disaient à peu près :

Tu sais les hommes ont leurs tempêtes Des tempêtes sans fenêtres Qu’ils ouvrent comme des vannes Comme ça les soirs de fête

En entendant ça, ça m’as rappelé certaines pulsions que j’ai eu à des moments et la peur aussi avec Léa la nuit d’avant. Des pulsions, des peurs, des cauchemars… "Mon sexe est une arme." Je n’arrêtais pas de me répéter ça. "Mon sexe est une arme. Mon sexe est violence." Jusqu’au point de penser à haïr mon propre organe. C’est alors qu’inconsciemment je répéta à voix basse mais intelligible "Mon sexe est une arme". Cette phrase, prononcée là, comme ça, sans le vouloir, me fit arrêter de penser tout aussi net et par la même occasion sortit Maud de sa torpeur. Elle releva la tête, cligna des yeux, et me demanda "Qu’est-ce que tu raconte?" Confus, je commençais à bégayer et finis par lui raconter un peu ce que je pensais à l’instant et d’où me venait cette impression. Je me sentais particulièrement mal à l’aise d’en parler là, ici, à quelqu’un que je connaissais si peu. Maud le perçut sûrement, elle me dit de me calmer et de parler posément.

"Tu ne dois pas avoir peur. Je peux t'écouter si tu veux bien me parler. Mais si tu ne veux pas m’en parler je comprendrais." Je tremblais. Je sentais les larmes me monter aux yeux comme ça tout d’un coup. Une goutte salée émergea du coin de mon oeil puis descendit le long de ma joue jusqu’au coin de mes lèvres. Maud approcha sa main de ma joue et du bout du pouce essuya la larme. C’est à ce moment-là que je me suis mis à fondre en larmes avec l’envie de crier, de frapper, de chouiner comme un gamin, de taper contre les murs. Et alors je me suis mis à pleurer comme un enfant. Ma voix se lamentait contre ma volonté. Je poussais une sorte de long râle entremêlé de sanglots alors que ma raison ne cessais de me dire "Il ne faut pas pleurer. Je suis un garçon. Les garçons ne pleurent pas." Maud me prit dans ses bras en me caressant les cheveux et en disant très calmement à côté de mon oreille "Vas-y pleure. N’hésite pas. Soulage-toi." Elle répétait ces mots sans cesse, comme l’océan qui apportait inlassablement les même vagues pourtant si différentes. Maud parlait comme un coquillage contre mon oreille. Elle apportait le bruit relaxant et réconfortant de la mer qui s'échoue sur les plages. Comme une sorte de bien-être planant. Je me sentais à cet instant en sécurité, Maud me protégeait contre le monde extérieur, elle était ma coquille, mon coquillage contre la tempête, contre mes tempêtes. Face à cette sécurité, je fini par me calmer. Maud pris dans sa poche un paquet de mouchoirs en papier et me le tendit.

J’avais l’impression de me retrouver sur le pont du ferry avec Léa en goûtant avec ma langue les pleurs salés qui avaient coulé sur mes lèvres. Je souris. Maud me répondit avec un sourire. A cet instant je réalisais que je n’avais jamais été aussi bien entouré de personnes tenant à moi que jamais. Je savais qu’ils et elles ne me laisseraient pas tomber devant les difficultés, devant les épreuves de la vie. J’avais confiance.

(à suivre...)