Les Chroniques de Valentin

Rentrée (bis)

Après plus d’un an et demi d’absence du système scolaire "classique", voici le retour tant attendu en classe "normale", comme tout le monde. Reprendre les études là où elles étaient délaissées. Une rentrée comme celle-ci était à la fois angoissante et réjouissante. Angoissante par la suppression de libertés que constitue le fait d'être au lycée. Parce qu’après avoir goûté à la liberté, à l’autonomie, la libre pensée et toutes ces belles notions, devoir faire un retour en arrière est angoissant, frustrant. Réjouissante par le fait enfin de ne plus être "en marge", de ne plus être celui ou celle qui n'était pas "comme les autres", "normal". Par le fait de se ranger, de suivre le troupeaux gentiment, bercé par le ron-ron monotone de la douce obéissance et soumission à l’autorité.

Le lycée, au pire c’est stressant, au mieux c’est marrant.

On va essayer de se marrer cette année, le stress on a déjà essayé c’est pas très cool. Un courageux anonyme déclarait "Se rendre au travail, c’est se constituer prisonnier." et c’est foncièrement vrai. Se rendre au lycée c’est un peu pareil sauf qu’on est pas payé et qu’on travaille à se préparer à travailler. On choisis les bonnes études pour faire ce que l’on veux faire ou que l’on crois vouloir faire, on passe des diplômes, et avec un peu de malchance on décroche un travail. La question c’est pourquoi ? Et surtout à quoi bon ?

Je me suis toujours demandé à quoi servait de vivre pour travailler toute sa vie. Bien sûr à gagner de l’argent, pour pouvoir vivre, s’acheter à manger, un toit, consommer… Mais ce que je ne réalisais pas jusqu'à récemment c’est qu’on peux vivre sans travailler. Et aussi éventuellement sans argent. Evidemment c’est difficile. Evidemment c’est très risqué, aussi bien légalement qu’humainement. Mais c’est possible. Et c’est ça qui compte. Mes utopies de liberté me tournent dans la tête depuis des années et voilà que je réalise peu à peu que ce ne sont pas des utopies. Oh évidemment la réalité n’est/ne sera pas aussi poétique que mes rêves d’enfant mais elle constitue un meilleur compromis à mes yeux que de vivre dans le capitalisme le plus rempant.

C’est un choix de vivre à faire. Il ne se prends pas à la légère, sur un coup de tête. C’est une décision lourde de conséquences. Elle pourrait entraîner l’incompréhension des amis et proches, voir pire. Comme aujourd’hui cette demoiselle qui pense que c’est "gâcher sa vie" que de faire un choix de vie comme celui-ci. Je ne le pense pas, je pense que c’est le contraire. L’incompréhension et l’inconnu amènent la crainte et la peur et c’est exactement sa réaction. Ce choix de vie me tente de plus en plus, mais j’ai encore besoin de réfléchir, d’apprendre, de discuter, de débattre, afin d'être sûr de mon opinion et d’assumer les conséquences de ce choix si je le fait. Je ne veux pas non plus me retrouver seul dans ce choix de vie, d’où l’importance de nouer des contacts et de comprendre/écouter les personnes l’ayant déjà fait. Comme on dit il n’y a pas un anarchisme mais autant d’anarchismes qu’il existe d’anarchistes. En tout cas même si pour le moment je suis bien dans mon mode de vie je réfléchit sérieusement à cette alternative.

Certains ne sont pas gênés par le fait que leur mode de vie privilégié n’est possible que par l’exploitation, l’esclavage et autres abominations de peuples entiers. Moi ça me gêne et plus que ça, j’ai beaucoup de mal à supporter cette idée. Sans compter mon opinion sur l’aliénation des sociétés modernes par le travail (pour ne pas dire esclavage salarié) qui me pousse à refuser ce "système".

Je rêve, je rêve d’un monde meilleur… Mais rester assis là à rêver ne fera rien changer dans ma vie. Certains ont d’autres rêves, notamment Nicole, cette dame du MEDEF déclarait dans Libération à propos de l’université d'été de cette organisation «Quand on est tous ensemble, on a tendance à rêver un peu. On se dit que si on insiste, on finira bien par faire abroger le code du travail...»

Ce monde n’est pas le mien, non ce monde n’est pas le mien… Mais qu’est-ce que j’attends pour fuir ?