Les Chroniques de Valentin

Le cours d'histoire

Tout à l’heure, après avoir laissé Léa partir en week-end avec son père, Valentin est allé en cours d’histoire. Il était triste. Pourtant il n’a aucune raison d'être triste. Il est heureux. Il a une jolie copine, des gentils parents, des gentils ami(e)s, bref tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant il était triste. Il est resté pendant peut-être un quart d’heure, la tête posée sur son sac, lui-même posé sur la table, à regarder les «autres». Ces autres, ce sont les élèves de sa classe. C’est rigolo, Valentin arrive à deviner ce qui se passe dans leur tête rien qu’en regardant leurs visages. Beaucoup riaient. Ils riaient fort. Très fort. Un sourire ouvert au couteau de cuisine, en travers d’un beau visage. Tous ces visages si parfaits qui rient. Toutes ces filles qui mettent du maquillage jusqu'à ce qu’on ne puisse plus voir leur peau. Ou alors ces filles qui ne mettent pas de maquillage, se prennent pour des rebelles en fumant du shit et en faisant leur courses au Leader Price. Ou encore celles qui ne font partie ni de l’une ni de l’autre catégorie, ces filles qui, contrairement aux autres, ont peut-être un cerveau entre leurs oreilles.

Dans tous ces visages qui sourient comme une pub pour une lessive, il y en a qui sont seuls, qui ne se font pas remarquer au milieu de tout ce joyeux bordel. Aude par exemple. Autour d’elle tout le monde rit, filles et garçons, poufs sans cervelle et rebelles au cerveau grillé; mais elle, elle ne rit pas. C’est drôle. Elle regarde fixement la feuille qui est sur sa table, longuement, sans détourner le regard, sans esquisser un sourire aux blagues déjantées de son voisin. Elle est dans son monde. Toute seule au milieu de la foule. Valentin devine ce qu’elle ressent. Elle se sent seule. Elle a des amies mais elle sait qu’elle ne peut pas compter sur elles. Même entourées de dizaines d’amies, elle se sent seule, seule dans la foule. Valentin à déjà éprouvé ce sentiment, souvent. Mais si ça se trouve, il se trompe, c’est possible qu’il se trompe, il ne peut pas deviner à coup sûr ce que les gens pensent, et heureusement.

Valentin ne reverra Léa que lundi. Le week-end sera long.